mardi 7 septembre 2010

Rentrée "éclair"

Est-ce la menace de l'ouragan (qu'on a senti jusqu'à Montréal samedi soir, avec un vent à décorner les boeufs!) ou la peur de la police américaine qui nous aura faits rentrer si vite? Mercredi soir dernier, sur la route côtière *95 entre New York et Boston, nous nous arrêtons dans une petite ville pour trouver un coin où dormir - Fairfield.

Depuis le début du voyage, nous savons qu'en théorie, dormir dans sa voiture est interdit aux États-Unis (au Canada aussi, peut-être?); pourquoi? Risque de se faire emboutir par une autre voiture pendant la nuit ou hantise du "vagabondage", on ne le saura jamais vraiment. Toujours est-il que jusqu'ici, la police avait trouvé mieux à faire que de venir nous voir dans notre van - ou alors, nous nous étions trop bien cachés. Mais c'était écrit, il fallait que ça arrive. D'abord, nous nous arrêtons dans un quartier résidentiel et parquons notre van derrière une autre voiture, à un endroit qui semble discret et où l'on est autorisés à parquer notre véhicule toute la nuit. Je passe à l'arrière, commence à ranger les sacs et à "faire le lit"; mais au moment où Nico s'apprête à me rejoindre, un individu (bourgeois) équipé d'une lampe torche (puissante) la braque sur lui sur le siège avant... "What are you doing?"; son ton est apeuré! Et d'ailleurs... Nico a à peine le temps de répondre, que le gars se carapate vers sa maison, avec un "fuck" pour tout "au revoir". Va t il chercher son pistolet? Appeler la police? On attend pas de le savoir. Cinq minutes plus tard, on est déjà loin. On en rigole, on se dit qu'on l'a échappé belle. Et on finit par s'endormir le long d'une grande route passante, à deux pas de quelques bars bruyants.

Jusqu'à ce qu'on se réveille. À 1h30 du matin.

Au début, on se croit encore dans un rêve. La lumière jaune ou blanche qui éclaire tout l'arrière du van et la voix sourde qu'on entend du dehors seraient elles celles d'un petit homme vert? On se regarde, apeurés - on essaye de comprendre. Et puis la voix reprend et cette fois on comprend: "Police Department, Go Out of the Van, Now". Le haut parleur déforme la voix et lui donne un son métalique de robot. "Qu'est ce qu'on fait?" on se dit. On se demande s'il nous a vraiment vus - peut-être qu'il tente à tout hasard, sans savoir si quelqu'un est dans le van. Est-ce qu'il nous demande vraiment de sortir?... À cette heure là et dans cet état d'endormissement, on en vient à douter de la réalité de la scène irréelle. La police a t elle vraiment du temps à perdre avec nous? Malheureusement il semble que oui, puisque le petit homme bleu (et non vert) répète son message. Il faut sortir. Nico le grand homme roux sort donc de notre grotte - les mains en avant: on a trop peur du flingue, ou du tazer, ou des deux. "What are you doing?" reprend la voix que je ne vois toujours pas, mois métalique cette fois, car monsieur est sorti de sa voiture (et braque probablement sa torche sur le visage de mon chéri, mais comme de toutes façons on a les phares en pleine face, ça ne fait pas de différence). "We are having a nap" lui répond Nico, dans un éclair de génie qui lui permet de ne pas mentir, sans toutefois lui dire toute la vérité. "You are having a nap in the middle of the road in the middle of the night?" S'excite l'homme bleu. "Heu, yes" lui dit Nico humblement. "Well", fais le flic d'un ton de surveillant d'école énervé par un élève trop malin, "go sleep somewhere else!". Et il fait mine de partir; sans nous demander nos papiers, ni notre permis, ni rien.

On ne se le fera pas dire deux fois. On prend de l'essence juste à côté pour se donner le temps de se réveiller, puis Nico conduit jusqu'à 2h15 du matin - le flic ne nous suit pas, il a finalement autre chose à faire. Puis, enfin, on trouve un parking de Wallmart, connu pour sa souplesse en la matière. On finit donc par réussir à s'y endormir, malgré la poussée d'adrénaline. Et non sans se promettre que ce sera notre dernière nuit aux États-Unis, au moins pour ce voyage-ci.

Ce qui sera fait, puisque nous ne sommes finalement restés que quelques heures à Boston pour arriver jeudi soir au Québec, où les douaniers nous ont gentillement laissé passer, malgré notre look de hippies, sans même fouiller notre bonne vieille Betty couverte d'objets fétiches : coquillages, pierres et décorations en tous genres. Pas les mêmes, de ce côté ci de la frontière.

Après un dodo à Magog, arrivée sans encombre à Montréal vendredi. On est un peu perdus au début, sans endroit où se "poser", mais Caro et Mathieu nous offrent vite l'hospitalité pour la nuit, puis Marie et Enrique nous accueillent à leur tour d'ici à ce que nous trouvions un appart. L'envie d'avoir un vrai chez nous après 2 mois et demi sur la route aura elle accéléré les choses? Quoiqu'il en soit, en 2 jours de recherche... On a trouvé! Dès le 15 septembre, nous aurons donc notre (tout) petit chez-nous, pas cher, en plein coeur du Plateau; exactement ce que nous cherchions.

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