samedi 17 juillet 2010

Winnipeg !

Je vous vois déjà penser: "Winnipeg, Winnipeg, mais... Ce n'est pas aux États-Unis, ça!" Et vous avez bien raison... Nous sommes encore au Canada!

Tout avait pourtant commencé comme prévu... Passage par Chateaugay le 5 juillet au soir, à l'Héritage St Bernard - 1h de Montréal. Nous rencontrons mon amie Pascale, elle nous fais visiter "son" parc, magnifique, sauvage, étonnant. Un bijou de nature à quelques km de la ville. Le lendemain matin, après une nuit à nous battre contre les vampires (comprenez les centaines de moustiques qui nous assayaient car nous dormions près d'un marrais) et quelques tâches de sang sur une moustiquaire installée à la hâte pendant la nuit, nous avons droit à un super petit déjeuner, à une balade au milieu des hérons et des grenouilles, et même à un cours sur les instectes par "monsieur bibittes" (ok, il ne voulait pas qu'on l'appelle comme ça...); saviez-vous que les insectes respirent par le ventre? (par les stigmates sur le ventre en fait.

Bref, un bon début. C'est donc le coeur léger qu'on continue notre route, jusqu'à Sherbrooke. Évidemment, nous arrivons avec une demie journée de retard et Isabel commence à sérieusement s'inquiéter. Mais qu'à cela ne tienne, quand nous sommes finalement sur place et après quelques tergiversations, nous décidons tous ensemble que ce serait sympa que nous restions quelques jours... Sans savoir jusque quand cela va nous mener! Premiers jours bricolage: Sebastien, le frère d'Isa, nous aide à réparer les petits problèmes sur le van, nous prête des outils, nous indique comment aller jusqu'au Canadian Tire. Réparation du feu arrière, installation du porte vélo, mise en place de moustiquaires (pas si efficaces contre les moustiques d'ici, on le découvrira à regret quelques jours plus tard, couverts de dizaines et de dizaines de piqure....). Puis Manu, la soeur d'Isa, nous aide à faire des rideaux... Indispensables pour dormir dans notre van sans se faire voir de l'extérieur, sans se faire déranger par la lumière, et pour se changer quand on n'a nulle part d'autre où le faire! Avec les restes de tissu des coussins que j'avais fait en 2007 (!) nous voilà donc bien munis!

Entre les travaux, c'est la belle vie. On essaie le réchaud offert par J. de JS et qui fonctionne à merveille (merci!), on se baigne et on "fait des vagues" dans l'énorme piscine gonflable, on parle avec la maman d'Isabel qui nous accueille si bien, et surtout, surtout... On joue aux aventuriers du rail!!! Des vrais vacances, tellement qu'on n'a presque plus envie de partir... "Restez jusque vendredi, je vais chercher mon chum Florian aux États-Unis, on fera la route ensemble", nous dit Isabel. Soit, faisons, ça nous laisse le temps de faire des crèpes! Et de marrier "Betty", notre van, avec Victor, la voiture d'Isabel.

Le 9 juillet, finalement, nous voilà à reprendre la route; ou du moins c'est ce qu'on se dit! Isabel part tôt le matin jusqu'à Standstead, la petite ville frontière où elle travaille au musée Corby Curtis. En début d'après midi, on la rejoint. Sandwitch dans le parc, visite du musée par notre "guide personnelle" (merci!), visite de la bibliothèque... Cette ville frontière nous laisse un goût étrange, vestige d'un temps où les frontières avec les USA étaient bien plus poreuses. La bibliothèque, fondée en 1911 par une famille du coin, est à cheval (volontairement) sur les deux pays. Nous traversons la frontière à pied, sans poste frontière, sans passeport et sans douanier pour aller jusqu'à la porte d'entrée... En toute légalité. Du moment que nous retournons sur nos pas quand nous sortons de la bibliothèque sous les yeux inquisiteurs des caméras de surveillance, pas de problème!

Nous voilà prêts. À 17h15, Isabel nous rejoint après son travail et nous mangeons tous les restes de nourriture que nous avons dans notre van avant de passer la frontière. Précaution inutile puisque finalement le douanier ne prend pas la peine d'ouvrir la porte du van. Nous sommes dans un petit village, tout est beaucoup moins strict... Sauf que... Et oui, il y a un "sauf que". En regardant nos passeport, le douanier découvre un papier vert (l'exemption de visa) édité au mois d'avril lorsque nous avons passé la frontière et fait éditer nos permis de travail actuels. Petite explication de la loi américaine: notre exemption de visa a été éditée pour 3 mois. Elle est donc valable jusqu'au 17 juillet. Or nous sommes le 9 juillet. Nous avons donc le droit de passer la frontière américaine mais uniquement si nous ressortons du pays avant le 17 juillet. Non, ce n'est pas possible d'éditer une nouvelle exemption de visa avant l'expiration de l'ancienne. Et si nous restons aux USA alors que nous ne devrions pas, nous n'aurons plus jamais le droit dans notre vie de passer la frontière sans visa.... Nous devrons faire une demande systématique aux autorités pour n'importe quel voyage. Pas une bonne idée. Par contre, il est possible que nous sortions du territoire avant la fin de l'exemption de visa actuelle et que re-rentrions dans le pays après cette date. Pratique, quoi. Petit récap de la situation: nous devons être en Californie pour le mariage de mon frère Tom et de sa femme Rachel début août. Impossible de repasser la frontière le 17 ou l8 juillet si nous passons par les États-Unis. Tour des possibilités: 1. Sortir du pays au Mexique. Short en temps et risqué: la frontière sera difficile à passer entre le Mexique et les USA et si nous sommes coincés là bas nous aurons l'air fin, comme on dit. 2. Aller jusqu'à New York puis bifurquer vers l'ouest pour repasser la frontière. Dans ce cas là, on ne va pas en Caroline du Nord, ni à Toronto. Reste la 3ème possibilités pour essayer de voir tout ce que nous avions prévu de voir: rebrousser chemin et faire le voyage en sens inverse.

Après un moment de réflexion, notre décision est prise. Nous irons chercher Florian en New Hampshire avec Isabel puis rentrerons le soir même avec elle, pour partir ensuite vers l'Ouest... Sans compter un stop à Sherbrooke (à St Elie d'Orford en fait!) à nouveau, pour faire du GN pour Nico (avec Sébastien le grand maître!), de la piscine pour moi, puis de l'acrobranche le dimanche, parce que tant qu'à être là un jour de plus, autant en profiter et découvrir enfin cette activité que j'ai toujours rêvé de faire, à travers les branches et les roches des cantons de l'est...

Et voilà comment nous sommes finalement partis "pour de vrai" le dimanche 10 juillet au soir et comment nous nous trouvons en ce moment à Winnipeg, le "coeur du continent". Nuits dans la van, journées sur la route, bain dans les milliers de lacs de la région, cafés dans les Tim Horton, repas sur notre réchaud... L'aventure s'avère étonnante et magnifique à la fois. Les routes de l'Ontario, longeant les lacs et montant et descendant les falaises escarpées et venteuses, ont fait place hier à la route 1, droite à l'infini, au milieu des plaines couvertes de champs cultivées. Moins de chance ici, comme c'était le cas sur la route pendant ces 4 derniers jours, de croiser des orignaux, des cerfs de virginie ou des ours. De ces derniers nous n'en aurons finalement vu qu'un, de quelques semaines ou quelques mois, mort frappé par une voiture sur la route menant de White River à Kenora. Les cerfs de virginie se montrent un peu plus et nous avons aussi eu la chance de croiser un castor lors d'une douche matinale près d'un lac, ainsi que des furets hier (Ben, nous avons bien pensé à toi!).

L'aventure nous apprend aussi la gestion du temps, de la fatigue, de la nourriture (sans frigo et sous la chaleur!) et de l'eau. Saviez vous qu'on peut prendre une douche avec un bidon de 4 litres? Nos salles de bain varient, devant des chutes d'eau vertigineuses, près d'un lac ou encore dans les toilettes du Tim Horton... Moins glamour mais en ville on peut difficilement faire mieux! Nos salles à manger ne sont pas mal non plus: devant un lac la plupart du temps, où nous pouvons aussi tremper nos ustensiles dans l'eau après le repas (sans produit, vive le bio!). Les bons petits plats se succèdent malgrè le manque de moyens. Avec un rond (une plaque), une poele, deux casseroles, deux gamelles et deux topperwares, nous sommes capables de nous faire des platrés de pates sauce champignon-tomate, du riz, des sandwitchs - pas pire!

10h15 déjà, la route nous attend. Encore 4000km à faire jusque Vancouver, à croiser sans aucun doute encore de très nombreux cyclistes qui font la route de façon bien plus courageuse que nous. Autant dire que leur équipement est plus restreint que le notre... Mais sans doute sont-ils aussi moins autonomes, devant s'arrêter dans des cafés et des hôtels. Quant à nous, nous allons continuer notre vie de nomade, et nous demander encore, sans doute, demain matin, au réveil... "Criss, mais ch'ui où?".

D'autres nouvelles bientôt... Si notre accès internet nous le permet.... C'est la première fois en une semaine que nous trouvons de quoi nous connecter! (C'était plus facile en Inde, lol...).





2 commentaires:

Unknown a dit…

Super ! Amusez-vous bien !
Cette lecture m'apporte l'énergie que je n'avais pas assis dans mon salon :) Jolies photos !
Betty femme de Victor semble avoir plein de ressources à la vue des photo ;)
Promis je dors dans mon jardin ce soir...

Éric Maubert a dit…

Bon je découvre le blog par la grande porte : Celle de votre road movie américain ! Le premier message est déjà tout un roman. Merci de prendre le temps d'écrire tout ça et bon voyage :)