lundi 10 septembre 2007

L'Emménagement... Ou la Fugue de Chipie

Samedi 8 Septembre, nous avons signé notre bail hier soir, nous avons les clefs en mains; plus qu'à emménager!


Après une matinées de semi repos (bon petit dèj, appel des parents, repacktage des valises, bon déjeuner...), nous voilà donc partis (du bon pied!) vers notre nouveau chez-nous... En taxi! Une petite trotte plus tard (à peine 10 mn de trajet) et un stop à l'animalerie pour acheter une belle nouvelle littière à Chipie, nous voici devant le 2157 Champlain. Il fait beau. La vie est belle!

Nous rentrons les bagages (Mon Dieu que c'est grand, ça fait tout vide avec nos 3 pauvres sacs!), installons Chipie (qui n'a pas l'air d'apprécier le manque de meubles... Elle ne trouve nul part pour se cacher! Elle finit par se mettre entre le mur et le matelat que Fabrice nous a prêté et que nous avons callé contre le mur en attendant de faire le ménage), tournons un peu en rond (Hum, j'aimerais bien me laver les mains, mais il n'y a pas de savon... Pas de verre non plus pour boire un coup... Heureusement qu'il nous reste cette vieille bouteille en plastique!), puis finissons par nous décider à aller vaquer à nos occupations , après avoir bien vérifié que nous avons fermé les fenètres.. Il ne faudrait pas que Chipie s’en aille !


C'est donc parti, il faut aller payer le loyer et acheter un `poele`comme ils disent ici (comprenez un four et plaques) et un frigo.

D’abord, petit stop chez la proprio-voisine.

- Bonjour, on est venus vous payer le reste du loyer.
- Ah ok, bonjour. Ca y est, vous etes arrives? Vous etes bien installés?

- Heu, en fait on vient juste d’arriver là.

- Ah ok (elle aime bien dire ‘ah ok’!).

On lui tends les sous – 120 dollars restant à payer, on lui a déjà donné le reste en cash hier.

- C’était pas 119?

Ca a l’air de franchement l’inquiéter qu’on lui donne 1 dollar de plus! Ah, ces Quebecquois, ils seraient presque trop honnètes!

- Si, si, mais on avait pas la monnaie!

- Ah ok (encore!). Je vais chercher 1 dollar alors!

On rigole. Elle s’engouffre dans son appartement.

La revoilà.

- Tenez, elle dit avec un grand sourire en nous tendant la pièce.

- Merci, à toute à l’heure, nous allons chez Elvis!

Elvis, c’est un gros bonhomme moustachu (tout à fait le type canadien) qui tient un magasin de second hand appliances, électroménager deuxième (troisième?) main en français dans le texte. On est passé le voir vendredi, il nous a dit qu’il pourrait nous faire un ‘deal’ à 350 dollars pour un four + plaques et frigo, livraison et garantie d’un an comprises.

Nous rentrons dans le magasin. Clim’ à fond. Dedans, des dizaines d’appareils électroménager prennent tout l’espace.

- Ah, c’est vous?! Bienvenue !

- Bonjour! On vient pour le ‘poele’ et le frigo.

- Ah, super ! (là, il faut s’imaginer un peu l’accent avec lequel notre gros moustachu pronnonce ‘super’, mi à l’américaine mi à la française).

- Vous pouvez toujours nous avoir un ‘spécial’ à 300 dollars? (En fait, c’est 350, mais ici tout se dit sans les taxes... Il faut donc ajouter 15% à tous les prix... Pas facile de s’y faire au début!)

- Oui, viens-tu, j’va t’montrer ça (avec ‘r’ roulés).

On passe à l’arrière du magasin. Un veritable entrepos. Ca pue la peinture fraiche et le whitespirit, ici, on rénove tout, meme le 50 ans d’age!

- Voilà, c’est c’ui-ci, il nous dit en nous montrant un frigo années 70, relativement grand, mais au design intérieur un peu douteux.

- Il marche bien?

- Ben oui, tout marche (encore le ‘r’ roulé!)

- Bon ok super. Et le ‘poele’?

- T’as-t’y mesuré combien c’est-y qui devait faire ton poele? C’ti un 22? (entendez par là ‘est-ce un 22 pouce?’, c’est à dire un 76 cm)

- Oui, c’est un grand format.

- Ok. Ben viens là va, j’va t’montrer c’ui qu’je pense.

Il nous ramène dans l’autre pièce et nous montre un ‘poele’ années 70 lui aussi. Manifestement il marche.

- Bon et bien c’est ok pour nous. Vous pouvez nous le livrer aujourd’hui?

- Ben oui, pas de soucis!

Et nous voilà donc équipés... Et un peu plus cultivés sur la culture qubecquoise. Leur honnèteté, leur bonohommie, leur franc-parler et leur tutoiement, leur humour.

- N’oubliez pas, si vous voulez passer c’t’hiver, vous ètes bienvenus!

C’est vrai que par - 40 degrès, ça nous fera peut etre pas de mal de nous arréter 5mn dans son magasin en descendant l’avenue Papinou!

La livraison est prevue pour 17h. Cela nous laisse une petite demie heure pour faire les courses et render l’appartement vivable – 4 assiettes, 4 verres, 4 sets de couverts chez dollar shop, 1 poele, 1 casserole, une planche à découper, 1 torchon, 1 balais, 1 serpillère, des éponges (par pack de 15!!), du détergent, du produit vaisselle, bref, toutes ces petites choses qu’on ne voit meme pas dans un appartement mais qui aujourd’hui brillent par leur absence dans le notre !

De retour à l’appartement, c’est le brans le bas de combat. D’abord, la livraison d’Elvis. Les deux gars ont un tel accent qu’on a du mal à les comprendre ! Ensuite, le ménage. Je m’acharne sur la cuisine et les fenètres. Nicolas se charge du balais.

Puis la voisine passe : elle vient nous préter un vieux sommier pour aller avec le matelat que Fabrice nous a prété... En attendant notre futon que les déménageurs devraient apporter d’ici 4 ou 5 semaines !

C’est donc reparti pour le déménagement. On grimpe à l’étage avec elle, ses enfants nous suivent partout. Emile, environ 2 ans, titube entre nos jambes et emet des sons adorables. Mila, environ 5 ans, court partout, me tire par la manche pour me montrer sa chambre, me présente toutes les araignés et tous les perces-oreilles du jardin, et tient meme à m montrer qu’elle sait très bien passer le balais ! Ensuite, elle court après ‘miou miou’, la petite chatte de la voisine, en disant ‘’T’as vu mon chat??’’

Pendant ce temps là, Nicolas et Jelena (notre voisine proprio) ont sorti le sommier de la chambre. Je prends le relais pour aider Nicolas à le descendre par les étroits escaliers en fer du jardin (comme dans les series américaines !). Ca y’est, nous voilà en bas ! On rentre, on fait gaffe à ce que Chipie ne file pas entre nos pates (elle est morte de trouille avec tout ce remus ménage et elle ne peut se mettre nulle part!) et on pose le sommier dans le salon (enfin, dans la grande pièce... En fait de salon, quand il n’y a pas de meubles, ça ne ressemble pas à grand chose!).

- Au fait, vous voulez voir le chat? Je demande.

Jelena fait un grand sourire. Sa fille Mila aussi ! Elle commence meme à gigotter dans tous les sens. Je m’accroupis devant elle et je la prends par les épaules en la regardant dans les yeux :

- Tu sais, Mila, il faut faire attention, parce que notre chat n’a pas l’habitude des enfants, il pourrait avoir peur, je ne voudrais pas qu’il te griffe!

J’ai vu comment Mila courrait après son chat dans le jardin et essayait de le ‘’carresser’’ avec une raquette de babington, ça ne laisse rien présager de bon pour Chipie..

Bref, nous voilà qui ouvrons la porte. Chipie sort de la petite pièce où elle était enfermée, la queue entre les jambes, applatie par terre. Manifestement elle n’aime pas trop ces nouvelles odeurs. Et puis... Toujours nulle part où se cacher !

Mila se précipite en avant. Je la retiens un peu.

- Doucement...

Elle s’approche plus doucement. Chipie est toujours morte de trouille. Puis Mila la caresse sur la tete... Elle l’écrase, devrais-je dire ! Chipie se barre.

Pendant ce temps là, Jelena me parle. Elle trouve Chipie très belle, etc etc.

Ca ne loupe pas, Mila en profite pour courir après Chipie dès que nous avons le dos tourné. Son frère s’y met. Ca crie, ça rigole. Et Chipie est dans un état de terreur indescriptible !!! Elle a les poils hérissés, elle est complètement applatie par terre, elle a les yeux écarquillés...

Juste à temps, j’arrète les enfants et reprends Chipie dans mes bras... Il me faut 5 bonnes minutes pour la calmer ! Jelena, toute désolée, prend Mila et Emile par la main et les emmène dehors en nous disant à plus tard... Que d’émotions!!

Je repose Chipie par terre. Elle tourne un peu en rond. On vient d’installer le matelat sur le sommier, et du coup, elle a perdu sa seule cachette (entre le mur et le matelat). Elle ne sait plus trop où se mettre, surtout après tout ça.

Quant à nous, nous retournons à nos occupations. Je reprends l’éponge pour laver la cuisine, Nicolas reprend le balais.

10mn passent. Je me demande soudaint où est Chipie car je ne la vois plus tourner en rond dans nos pates. Je l’appelle. Pas de réponse.

- Nico, t’as pas vu Chipe?

- Non...

Je rentre dans le salon au moment où il me répond et notre regard se dirige en meme temps vers le meme endroit... La fenetre est ouverte !

- Non!!!...

Elle a filé... Et en plus, elle est partie du coté de la rue.

Comment décrire ce qui a suivi?... Il était à peut près 18h quand c’est arrivé. Nous avons tout arrété. Nous avons fouillé tout le quartier. Demandé à tous les voisins. Appelé partout. Fouillé tous les recoins de l’appart. Refouillé le quartier. Redemandé aux voisins... Prévenu Jelena au cas où elle aurait filé chez elle (avec l’odeur de l’autre chat, peut probable!).

A 20h, en desespoir de cause, on s’est mis à attendre. On a laissé les fenètres ouvertes. On a diné à contre coeur. Des pates fades. On a fini par se coucher. On avait pas encore de couverture ni de drap, alors on a dormi avec nos manteaux, la fenètre toujours ouverte, avec la vue sur la rue et le réverbère parce qu’il n’y avait pas encore de rideaux. Par la fenètre, on entendait les gens parler dans la rue. On avait peur qu’ils entrent. Derrière nous, dans le placard, la canalisation cassée de la salle de bain faisait un boucan pas possible : il faudrait attendre le lendemain pour qu’elle soit réparée. Et toujours pas de Chipie.

Entre l’angoisse, le froid et le bruit, je n’arrivais pas à dormir. Je tournais dans tous les sens. Vers 1h du matin, je me suis complètement reveillée (pourquoi? Mystère...) et je suis allée à tatons vers la fenètre. J’ai appelé Chipie, encore, pour la millième fois. Et là, je l’ai entendue !! Complètement terrorisée, elle est sortie de je ne sais où (sous une voiture??) et s’est dirigée en titubant vers la fenètre. Elle s’est ruée dans mes bras, elle avait tellement peur ! Et moi j’étais tellement soulagée !!

Nicolas s’était reveillé à mon appel. Il a tout de suite fermé la fenètre de la cuisine, pendant que je fermais celle du salon. Ouf... Ca y est... On l’a retrouvée !!

Encore tremblante mais épuisée par la fatigue, je me suis remise au lit. Je voyais Chipie tourner en rond dans l’appart, avec nulle part où se cacher. Je me suis dit que ça irait mieux demain. J’ai fini par mettre mes boules quies, et je me suis endormie.

A 6h et quelques, encore fatiguée mais aussi encore stressée, je me suis réveillée. Chipie est revenue, je me suis dit. J’ai eu un sourire en moi meme.

Je me suis levée pour lui faire un calin. Nulle part. J’ai fait le tour de l’appart une fois, deux fois, trois fois, j’ai reveillé Nico, on a cherché à deux... Elle n’était nulle part! On n’avait pourtant pas révé... Elle était bien revenue, il y avait meme des traces de pattes mouillées partout dans la salle de bain... L’angoisse est revenue.

On regardé la fenètre, et vu que le loquet n’était pas sécurisé. Quelqu’un avait dù ouvrir la fenètre, laisser sortir Chipie et refermer... C’était la seule explication !

Retour à nos recherches, encore plus morfondus que la veille. Cette fois je pensais vraiment qu’elle n’allait pas revenir. Est-ce quelqu'un l'aurait volé??

Tour du quartier. Appels. Interrogation des voisins. Du café d’à coté. Elle n’est nulle part.

A 8h, on décide de manger un peu. On n’en peut plus de fatigue et de tristesse. Où a-t-elle bien pu passer?

Je dis à Nico qu’elle s’est probablement trouvé un coin bien au chaud pour dormir, peut-etre chez quelqu’un, et qu’elle ne sortira sans doute pas avant la nuit. Que ce n’est pas la peine de l’attendre.

A 9h, nous décidons donc de partir acheter tout ce qui nous a tant manqué cette nuit : une couette, des rideaux, de quoi dormir tranquille! Nous prévenons tout de meme la voisine avant de partir, et elle nous dit qu’elle va appeler les flics pour leur dire que quelqu’un a sans doute ouvert notre fenètre.

Dans les magasins, le coeur n’y est pas. On trouve pourtant des bons deals. Des supers rideaux grenats en promo à 10 dollars, un oreiller pour Nico, des petites couvertures très chaudes, une théihère, ça commence à ressembler à quelque chose... Mais ce dimanche reste gris dans nos coeur, on fait que de penser à Chipie, on voit des cousins pour chat, des gamelles pour chat partout.

Vers 17h, on rentre à la maison les bras chargés de victuailles et de materiel. On avait laissé toutes les fenètres ouvertes au cas où, mais toujours pas de chat...

Le plombier passe. Répare la douche. Nous, pendant ce temps là, on traine. Incapables de profiter ni de la journée ni de l’appartement. Trop tristes....

On décide de resortir. On va dans une brocante, on trouve une super commode à 30 dollars, d’occas... Au moins ça fera un peu moins vide, dans le salon...

Vers 18h, rentrés chez nous, commode installée, plombier parti, on commence à se dire qu’on a faim. Nicolas fourage dans les placards de la cuisine pendant que je me lave les mains.

- Gwen ! Viens vite! Gwen!

Je sors en courant de la salle de bain.

- Elle est là ! Il est febrile. Je l’ai entendue, je te jure!

J’ai pourtant regardé dans tous les placards. On re-regarde. Vides.

- Je te jure, je l’ai entendue!

J’appelle doucement.

- Chipie?

- Méou...

Elle est là! Où, je ne sais pas, mais elle est là! Derrière cette parois du placard de la cuisine! Elle était là tout le temps !!

On regarde à ras du sol. Il y a un trou ! 10cm de diamètre environ. Et elle est là, entre le mur et le fond du placard de la cuisine! Je vois ses yeux. Je mets ma main dans le trou, elle me lèche les doigts... Merci !!! (Je ne sais pas qui, mais merci!!!)


Vite, vite, on ferme les fenètres. Après, c’est que du bonheur. On la carresse par le trou. On essaie de lui mettre des croquettes pour qu’elle sorte. On rigole. On écoute de la musique. On est tellement content qu’elle soit ‘’revenue’’!!

Il lui faudra presque une heure pour se decider à essayer de sortir. Là, on remarquera qu’elle est coincée. Il nous faudra donc détacher la plynthe du mur pour agrandir le trou et la faire sortir : heureusement qu’on avait acheté un marteau!!!

Quand elle sort, elle est toute flagada. Nous aussi. Presque 48h d’angoisse, ça ne s’oublie pas vite... Et dire qu’on est déjà dimanche soir et que le boulot reprend demain... Ce premier week-end dans notre appartement n’aura pas été de tout repos...

Enfin, en tous cas, une chose est sure... Il va falloir trouver un moyen de boucher ce trou, et vite ! En attendant, on a déplacé notre lit dans la petite pièce et on enferme Chipie dedans quand on part. Et quand on rentre le soir, on bouche le trou avec les chaussures de Nico pour pouvoir laisser Chipie gambader dans l’appart... Il n’a que ça qui marche pour l’instant !

Aucun commentaire: